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L’utilité des contes en Afrique |
23 Octobre 2014 | ||
Une école pour la vie
En Afrique, l’éducation et l’instruction de l’enfant passent par plusieurs chemins. Un de ces grands chemins était le conte. Les enfants se regroupaient à tout moment autour de leurs grand-pères ou grand-mères pour écouter des contes. Ce regroupement des enfants avaient plusieurs significations. Cela permettait aux enfants de se retrouver, de créer de l’estime entre eux et d’apprendre le sens de la cohabitation depuis cet âge. Cela donnait aux enfants l’envie de se retrouver à côtés des vieillards pour beaucoup apprendre sur le passé et sur l’avenir. Le conte en Afrique avait le grand objectif d’éduquer les enfants et d’ouvrir leur intelligence pour qu’ils sachent la différence entre la bonté et la méchanceté afin d’opter pour le bien et d’éviter le mal. Le conte enseignait à l’enfant le sens de la collaboration, de l’amitié et du patriotisme. Ainsi cela créait chez l’enfant la stabilité qui éveille en lui le sens de l’esprit de famille. L’enfant africain apprenait à côté de ses grands parents, le savoir faire et le savoir parler afin de pouvoir mieux vivre partout où il se trouve, chez lui aussi qu’à l’étranger. Le conte contribue aussi à l’éveil de la conscience chez l’adulte afin qu’il se serve de ces récits du passé pour construire le présent et l’avenir. Sur ce, j’invite les lecteurs de notre espace culturel à découvrir ce conte africain intitulé : L’arbre qui chantait … Il y a très, très longtemps, un vieux sorcier entreprit un long voyage. Un jour qu’il avait tant et tant marché qu’il ne sentait plus ses pieds, il décida de chercher un endroit pour se reposer. C’est alors qu’il entendit soudain chanter. Ce n’était pas un chant comme celui des oiseaux, ni comme celui du vent à travers les feuilles, mais une voix claire, qui prononçait des mots qu’il ne comprenait pas. Poursuivant son chemin, il arriva dans une clairière. Juste au centre, se dressait un arbre majestueux, dont les feuilles brillaient au soleil. On eût dit qu’il était en or ! Alors, le sorcier entendit à nouveau le chant, mais, cette fois, plus fort que précédemment. Regardant autour de lui, il ne vit personne. Il n’y avait là que les branches dorées de l’arbre, plus quelques souris gris qui couraient dans l’herbe. Le sorcier s’assit contre l’arbre pour souffler un peu. Il songea qu’il serait sage de piquer un petit sommeil avant de continuer sa route. Mais le chant le tenait éveillé ! Enervé, il regarda encore autour de lui, sans rien remarquer d’anormal. ‘’ Il faut que je trouve ce chanteur, se dit-il’’. ‘’ J’aimerais bien qu’il se taise, pour que je puisse me reposer.’’ Le vieux sorcier se leva et observa les alentours à travers le feuillage de l’arbre. Ce faisant, il posa ses mains sur le tronc et sentit l’écorce vibrer. Il comprit alors que le chanteur provenait de l’arbre lui-même. ‘’Tiens ! Cela fait longtemps que je n’avais plus entendu un arbre chanter !’’ grommela t-il ! ‘’Mais par chance, je connais encore le moyen de le faire cesser !’’ Il sortit de la poche de son manteau long un morceau de corde et le lança en l’air tout en marmonnant une formule. La corde se tortilla quelque peu, puis s’écroula deux fois autour du tronc. Le sorcier prononça ensuite d’autres mots magiques, puis il termina en faisant un gros nœud dans la corde. Aussitôt, l’arbre d’or cessa de chanter. ‘’ Je vais enfin pouvoir me reposer’’, soupira le sorcier avant de s’allonger dans l’herbe.’’ Mais il découvrit alors des rubans de fumée qui se dégageaient des racines de l’arbre. Peu à peu, la fumée s’épaissit, jusqu’à former un gros nuage gris, qui changea progressivement de couleur. Il devint d’abord gris foncé et puis noir. Tout à coup… il se mit à tournoyer sur lui-même et se transforma en un hideux génie aux longues oreilles, avec un gros nez bourgeonnant de verrues, des bras démesurés et des mains larges des pelles ! ‘’Hahaha ! Hihihi !’’, ricana le génie. ‘’ Quel stupide sorcier tu es ?’’. Il y a des années, un de tes confrères m’a enfermé dans cet arbre. Mais maintenant que tu lui as cloué le bec, je suis libre ! Et j’ai fort envie de te dévorer !’’ Ce disant, le génie saisit le vieux sorcier par la barbe. Heureusement, ce dernier savait que les esprits des bois sont toujours idiots ! Et celui-là semblait encore plus bête que les autres… ‘’Vas-tu me faire mijoter ou rôtir ?’’, demanda-t-il au génie. ‘’Tu sais que les vieux sorciers ne se mangent pas cru ? Tu aurais des rampes d’estomac !’’ L’affreux génie réfléchit quelques instants. ‘’ Je vais faire un grand feu et t’attacher à une branche. Ensuite, je te ferai rôtir au-dessus des flammes’’, déclara-t-il, tout content. ‘’Mais je vais m’enfuir pendant que tu allumeras le feu’’, insinua le sorcier. ‘’ C’est vrai…’’, admit le génie. ‘’ Je vais… euh … je vais… ‘’ ‘’ Pourquoi ne me ligotes-tu pas ?, suggéra le sorcier. Ainsi, je serai incapable de fuir.’’ ‘’Très bonne idée !’’, s’exclama le génie. ‘’ Mais à quoi donc vais-je t’attacher ?’’ ‘’A cet arbre, bien sûr’’, répondit le sorcier. ‘’ Utilise donc la corde que j’avais enroulée autour du tronc pour le faire taire !’’ Convaincu, l’esprit des bois alla détacher la corde. Il commença par défaire le nœud… tout comme le sorcier l’avait espéré. En effet, dès que la corde eut été dénouée, l’enchantement se trouva rompu. L’arbre se remit à chanter et le génie, de violet qu’il était, vira au mauve foncé. Puis, très lentement, il se transforma en fumé noire, puis en fumée grise, pour disparaître enfin en minces rubans de vapeur blanche. Le sorcier remit alors la corde dans la poche de son large manteau. Avant de se remettre en route, il prononça quelques mots magiques et ni bête ni homme pas même un sorcier ne revint jamais le génie des bois. Conte tiré du récit des anciens.
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